Dès la fin de l'automne, des hérissons viennent dans mon jardin pour y rechercher de la nourriture leur permettant de se constituer une réserve de graisse afin de passer la saison la plus froide de l'hiver en état de semi-hibernation.
J'ai donc installé des petites "maisons" abritant des réserves de nourriture (croquettes pour jeunes chats...) mises, bien au sec, à leur disposition. Je leur ai même aménagé un couchage douillet leur permettant de faire une petite sieste après leur repas !
Pour (tenter d') éviter que ces croquettes ne soient dévorées par les (mes...) chats (qui sont aussi des animaux nocturnes), j'ai installé une chicane à l'entrée des abris (ce qui évite aussi l'entrée du vent, du froid et de la pluie). Les passages dans ces chicanes sont "calibrés" (12X12 cm) afin de filtrer (autant que faire se peut...) les consommateurs indésirables.
Mon jardin ne faisant que quelques centaines de mètres carrés, il constitue une surface bien inférieure au "territoire" normal de chasse et de vie de nos piquants amis. Afin d'éviter que ces derniers ne soient contraints à emprunter la rue pour passer d'une propriété dans l'autre (et de risquer ainsi de se faire écraser...), j'ai ménagé, en bas de ma clôture grillagée, plusieurs "passages" calibrés en 12X12 cm, étendant ainsi naturellement leur territoire et leur évitant une impression de confinement susceptible de les inquiéter.
La nourriture est proprement dévorée, presque chaque nuit ! Mais est-ce vraiment les hérissons qui en profitent ?
Pour en avoir le cœur net, une seule solution : filmer et enregistrer l'activité nocturne autour de leurs maisons !
Pour ce faire, j'ai mis en œuvre une caméra de surveillance D-Link DCS-5020L, initialement dédiée à la télésurveillance intérieure d'habitations. NB : une caméra de surveillance "extérieure" aurait été mieux adaptée et plus simple à mettre en œuvre.
J'ai dû réaliser un coffret étanche doté d'une vitre et un système automatisé (logiciel) pour assurer des enregistrements, en mode caméra infrarouge, de l'activité nocturne des hérissons, tout au long de la nuit. La communication étant effectuée en WiFi, seule l'alimentation secteur est-elle acheminée depuis ma maison. Un passe-fil étanche est prévu à cet effet, à l'opposé de la fenêtre où vient se placer la caméra. Le boîtier d'alimentation 12V de la caméra est placé dans le coffret, ce qui permet à ce dernier de profiter de son léger échauffement.
La vitre carrée, découpée dans une plaque de verre quelconque, est collée à l'aide d'un mastic silicone à l'intérieur du coffret. J'ai dû faire face à d'importants problèmes de réflexions de la lumière infrarouge issue des diodes sur la plaque de verre. Il est nécessaire de placer l'objectif de la caméra en contact avec la plaque pour en limiter les effets à un niveau acceptable.
Bien que performant, le firmware des DCS-5020L est fermé, très mal documenté et clairement verrouillé sur Microsoft, Internet Explorer (!), Java et MacOS !... Ce qui ne m'arrange pas, opérant sous Linux, dans un esprit beaucoup plus ouvert ! Après de multiples recherches et fastidieux essais, je me suis orienté vers la solution présentée ci-dessous. Notez qu'il existe probablement d'autres possibilités, peut-être plus élégantes, mais je me suis arrêté à ce que j'ai pu faire fonctionner.
Configurer la caméra en accédant à son serveur Web intégré, par une connexion réseau câblée, sous Windows/Internet Explorer pour réaliser les actions suivantes :
Installer le dernier firmware : 1.16.01 (2019-01-25) - ou plus récent (en liaison réseau câblée).
Activer le WiFi en mode "Infrastructure" pour l'intégrer dans le réseau local. Ne pas utiliser le DHCP mais configurer une IP statique hors plage DHCP, port 80. Débrancher le câble réseau et se reconnecter en WiFi.
Désactiver l'extension de portée WiFi, le DNS dynamique, l'UPnP, la redirection de port UPnP et le "Bonjour".
Éteindre les voyants de la caméra par discrétion, activer le contrôle d'accès des utilisateurs et l'affichage de l'heure sur l'écran, donner un nom à la caméra, désactiver l'authentification de l'URL de l'instantané (pour accéder à l'image en "live" facilement dans toute la maison sur PC, tablette, smartphone).
Activer (si possible - Java ?...) le zoom (numérique) afin d'éloigner la caméra de la maison de hérissons à surveiller. Orienter correctement la caméra.
Générer un flux vidéo continu de ce type : H-264, qualité moyenne, format 320X240 pixels, 10 images/seconde, débit binaire maximal de 512 kilobits/seconde, horodatage activé (choisir une couleur qui tranche bien).
Activer le mode "nuit en permanence" : diodes allumées, filtre IR mécaniquement en place. L'image infrarouge étant diffusée en noir et blanc, le débit numérique est plus faible. De plus, les diodes IR allumées provoquent un léger échauffement de la caméra ayant un effet positif sur la condensation et l'humidité.
Désactiver le téléchargement FTP, l'audio, la détection de mouvement, la messagerie.
Mettre la configuration heure/date en automatique en précisant un serveur NTP (j'utilise ntp.dlink.com.tw).
Bien renseigner les champs : masque de sous-réseau, adresse de passerelle par défaut ainsi que les adresses des DNS, sinon NTP ne pourra pas sortir du réseau local pour demander l'heure exacte sur les serveurs de l'Internet.
Relancer le firmware en coupant et en rétablissant l'alimentation de la caméra.
Tout au long des manips, tester l'image diffusée en se connectant sur le streaming vidéo généré par la caméra. Pour ce faire, sous un système quelconque (smartphone, tablette...) et avec un navigateur quelconque, se connecter sur "http://adresse.ip.dela.camera/video.cgi" en précisant l'utilisateur "admin" et en laissant le mot de passe vide (réglages par défaut pour ma caméra). Bien que très susceptible (!), le firmware de la DCS-5020L devrait vous laisser rentrer avec cet URL (du moins, jusqu'à la version 1.16.1...).
Après un temps d'initialisation et de synchronisation, la date et l'heure, incrustées sur l'écran, doivent se mettre à jour, sans intervention.
L'ensemble des éléments logiciels sont détaillés et commentés sur mon Espace de partage : "GitHub" et font l'objet du repository : EnregistrementCameraSurveillance (voir ma page de Liens).
J'ai utilisé le couteau suisse "ffmpeg" pour réaliser l'enregistrement de séquences vidéo de 30 mn classées et horodatées dans un répertoire dédié.
L'environnement a été développé sous Linux Open Suse Leap sur PC 64 bits et tourne sur cette plateforme. Il doit pouvoir être adapté pour fonctionner sous Rasbian sur un Raspberry Pi (dans ce cas, éviter de demander à ffmpeg d'exécuter le transcodage "au vol" de la vidéo, l'opération étant trop gourmande en ressources et utiliser un disque USB pour enregistrer les vidéos plutôt que la carte SD).
L'outil ffmpeg est lancé par un "script Bash" toute les 30 mn, durant la nuit.
C'est le démon "cron" de Linux qui se charge de lancer le script aux moments prévus, grâce au paramétrage du fichier "crontab" de l'utilisateur. Ne pas mettre l'ordinateur en veille.
Il est facile ensuite de lire, en accéléré, les séquences vidéo, à l'aide de VLC, par exemple. Comme le FPS enregistré dans les paramètres des vidéos est de 25 images par seconde et que la caméra était programmée pour fournir 10 images par seconde, une lecture "normale" par VLC donnera un effet d'accéléré.
A noter que l'ensemble du dispositif a été conçu dans un but d'expérimentation ponctuelle et n'a pas vocation à rester en place.
Au départ : pas de hérissons ! Mais des petits mulots qui ont bien profité de l'expérience :
Et même un animal beaucoup plus gros : le chat de mes voisins ! Qui a néanmoins réussi à se glisser jusqu'au fond de la maison, malgré la chicane, et à faire demi-tour après s'être restauré !
Mais mon chat Popy, lui, est beaucoup trop gros !!! Malgré ses efforts, il n'a pu franchir le seuil et s'en est retourné, tout dépité !!!
Puis les hérissons sont enfin arrivés !!!
Ils ont maintenant pris l'habitude de dormir dans la grande maison, de se restaurer dans la petite et de se désaltérer au bar ! D'après mes comptages, il y a au moins 2 adultes et 2 choupissons (eh oui, c'est le nom du petit du hérisson !).
A partir des séquences que j'ai filmées, mon voisin a eu la gentillesse de réaliser un petit court métrage de 1mn 30s sur le sujet. NB : Les séquences qui ont servi au montage de ce film ont été enregistrées avec un système plus évolué (caméras et infrastructure "Blink") mais le principe reste le même.